© Laurent Lecat

THE GOLD OF TIME

"It is here in the company of the Greek orators, scholars and poets that I have created a peaceful retreat among immortal beauty.”
Théodore Reinach
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Beneath this founding phrase hangs a large brass plaque with a surface covered in Greek letters. It resembles the ancient gold strips on which the Orphics used to inscribe instructions for the journey of the deceased. Here, on the contrary, it is a poem addressed to all the living.

The result of extensive research and reading, this text is a collection, verse by verse, of Greek poems from Antiquity to the present day. There is no chronology, because "isn't the very essence of poetry to escape time? This is how we hear the voice of the poets of yesteryear, despite the light years that may separate us from them" (Jacques Lacarrière, Orphée, in Dictionnaire amoureux de la Grèce).

Antiques: Sappho, Heraclitus, Golden Lamellae, Palatine Anthology (Palladas, Glykonos, Ptolemy, anonymous), epitaph of Seikilos.
Modern: Cornaros, Elytis, Séféris
Contemporary: Rouvalis, Erinakis, Kyparìssis, Poulios, Liondakis, Rouvalis, Stravropoulos, Ganas.

Perforated and riveted brass, steel structure
134 x 300 cm


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(Excerpt)

I have something to say that is crystal clear and inconceivable
words that don’t make you laugh,
neither ornate nor festooned
I know that I am mortal and ephemeral life is a theatre and a game
life is an essay transparent stone pulsation untouched night
we are the grain that dies
we are reborn day after day from the night
keeping nothing of our previous existence
we already caress the grass
that will grow on us and our cities
we have become strangers to yesterday
and start a new existence today
and we have said let us become water
water without memory between the shadows
I’m burning and perishing with thirst
I ask a thousand years or an instant
what sparks does memory preserve
what is next and what is not
our decision to forget
who will take it into account
I say to myself what have I retained how many times
have I found myself inside the word that caught fire and is still burning
for me neither honey nor bees
I regret having let a wide river flow
through my fingers without drinking a drop words know
poetry alone is what remains
poetry just essential and right
the Sibyl’s voice travels
through thousands of years
and memory returns to sunken cellars
on broken bridges
where the winds blow gently
walk the unknown road
further on you will find cold water
flowing from the lake of Mnemosyne
the road that goes up and down
one and the same
this path is endless without change
but you have to calculate where you’re going
(...)




« C’est ici qu’en compagnie des orateurs, des savants et des poètes grecs, je me ménage une retraite paisible dans l’immortelle beauté »

Théodore Reinach
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Sous cette phrase fondatrice, est accrochée une importante plaque de laiton à la surface recouverte de lettres grecques. Elle est à l’image de ces lamelles d’or antiques sur lesquelles les orphiques inscrivaient au poinçon les instructions pour le voyage du défunt. Ici au contraire, c’est un poème adressé à tous les vivants.

Fruit d’un long travail de recherche et de multiples lectures, ce texte est un assemblage, vers après vers, de poèmes grecs de l’Antiquité à nos jours. Aucune chronologie, car « le propre de la poésie n’est-il pas d’échapper au temps ? Ainsi percevons-nous la voix des poètes de jadis malgré les années-lumière qui peuvent nous en séparer » (Jacques Lacarrière, Orphée, in Dictionnaire amoureux de la Grèce).

Antiques: Sappho, Héraclite, lamelles d’or orphiques, Anthologie Palatine (Palladas,
Glykonos, Ptolémée, anonymes), épitaphe de Seikilos.
Modernes: Cornaros, Élytis, Séféris
Contemporains: Rouvalis, Erinakis, Kyparìssis, Poulios, Liondakis, Rouvalis, Stravropoulos, Ganas.

Laiton perforé et riveté, structure acier
134 x 300 cm


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(Extrait)

J’ai quelque chose à dire de limpide et d’inconcevable
des mots sans sourires sans parure sans parfums
je sais que je suis mortel et éphémère
la vie est un théâtre et un jeu
la vie est un essai pierre transparente
pulsation nuit intacte
nous sommes le grain qui meurt
nous renaissons jour après jour au partir de la nuit
ne gardant rien de notre existence antérieure
nous caressons déjà l’herbe qui va pousser
sur nous et nos cités
devenus étrangers à celle d’hier
et recommençant une nouvelle aujourd’hui
et nous avons dit devenons de l’eau
de l’eau sans mémoire entre les ombres
je brûle de soif et je défaille
je demande mille ans ou un instant
quelles étincelles conservent la mémoire
qu’est-ce qui est suite qu’est-ce qui ne l’est pas
notre décision d’oublier qui nous en tiendra compte
je me dis qu’ai-je conservé combien de fois
me suis-je trouvé à l’intérieur du mot
qui a pris feu et brûle encore
pour moi ni le miel ni l’abeille
je regrette d’avoir laissé passer un large fleuve
à travers mes doigts sans en boire une goutte
les mots savent
la poésie seule est ce qui demeure
poésie juste essentielle et droite
la sibylle traverse avec sa voix des milliers d’années
et la mémoire est de retour dans des caves englouties
sur des ponts coupés
où les vents soufflent doucement
marche sur la route ignorée
plus loin tu trouveras une eau froide
qui coule du lac de Mnémosyne
la route qui monte qui descend une et même
ce chemin est sans fin sans changement
mais il faut calculer vers où nous avançons
(...)